vendredi 5 novembre 2010

Le cinéma d’animation subsaharien

Voici un texte écrit par Monica Blanc-Gomez à l'occasion de la fête du cinéma d'animation et de la mise en avant du cinéma d'animation africain à la médiathèque d'Evry.


Le cinéma d’animation africain est un cinéma relativement jeune. En Afrique subsaharienne, le pionnier du cinéma d’animation est le nigérien, Moustapha Alassane. Il a installé son propre studio d'animation, en plein Sahel, à Tahoua - ville étape sur la route d'Agadez - là où il vit avec sa famille. Son premier film d'animation, La mort de Gandji , dont le thème est un conte traditionnel africain, Moustapha Alassane l'a réalisé en 1965 à l’ONF au Canada où il suivait un stage sous la direction de Norman Mac Laren. Dès 1966, suit la réalisation de Bon voyage, Sim, au thème pertinent puisqu'il s'agit d'une critique des chefs d'état africains et de leurs fastes dispendieux. Moustapha Alassane a choisi d'animer des animaux afin d’éviter des problèmes avec le pouvoir ; crapauds, grenouilles, varans, caméléons, tortues, mante religieuses sont et seront les héros humanisés de ses films.

Comme Moustapha Alassane, certains cinéastes africains ont eu l’opportunité de suivre un stage dans un studio occidental, le temps de la réalisation d'un film; mais la majorité des réalisateurs de cinéma d’animation subsahariens restent avant tout autodidactes, même s’ils parviennent parfois à suivre une formation de quelques semaines dans leurs pays. Alors que l'Occident s'oriente de plus en plus vers la 3D, l'Afrique continuent à travailler avec une grande diversité de techniques plus appropriées aux conditions climatiques ou moins onéreuses: papiers découpés animés, marionnettes animées sont les techniques les plus adaptées aux pays africains et sont principalement utilisées par les réalisateurs, évitant ainsi les problèmes d’électrostatique provoqué par la poussière intense qui sévit en Afrique. La solution qu’avait trouvée Moustapha Alassane, était de peindre directement sur la pellicule.


A l’heure actuelle , l’avancée des nouvelles technologies, le numérique, les logiciels de création permettent à de jeunes artistes de s’essayer seul à l’animation et à moindre frais. Conscients de toutes ces difficultés rencontrées, en 2008, nous avons décidé avec le réalisateur burkinabé Gaston Kaboré d’organiser à l’Institut Imagine de Ouagadougou, une formation de plusieurs mois avec une cinquantaine de jeunes artistes venant de toute l’Afrique de l’Ouest, formation aux techniques du cinéma d’animation , principalement au dessin animé traditionnel, animée par des formateurs–animateurs venus d’Europe. C’est alors que Pierre Claver Yameogo , dont vous allez voir quelques films à la médiathèque d’Evry et que vous allez pouvoir rencontrer, a abandonné son poste de professeur d’arts plastiques pour suivre cette formation à Imagine, saisissant cette chance inespérée au Burkina que beaucoup comme lui ont saisi.

Les années suivantes, Pierre Claver Yameogo, artiste passionné et tenace, dans le cadre d’une production burkinabé Veenem Films, s’est jeté dans la création de ses premières oeuvres. Son premier film personnel Polo a été sélectionné dès 2009 dans plusieurs festivals , au Fespaco de Ouagadougou où il représentait le Burkina Faso à la compétition Court métrage Cinéma , au festival de Leipzig, à celui d’Amiens, au festival Fantoche de Baden, etc…. Toujours animé par sa passion , Pierre Claver Yameogo a été admis à l’EMCA à Angoulême (Ecole des Métiers du Cinéma d’Animation) dont il est sortit avec succès . Il travaille maintenant au Luxembourg dans la production « Paul Thiltges Distribution » où il peut consacrer tout son temps à ses films dont les thèmes, le graphisme, la palette illustrent la richesse de la culture africaine et les préoccupations de sa jeunesse.

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